C’est le lundi 31 juillet 2017 que nous partons pour la 4ème édition consécutive du voyage d’été jeunes C.A.F annuel pour grimper sur les falaises mythiques d’Europe. Cette année nous avons choisi deux destinations: les Dolomites (calcaire) puis Cadarese/Yosesigo (granite) pour deux thématiques d’escalade différentes: la grande voie (trad, semi-équipé, équipé*) avec beaucoup de recherche d’itinéraire et l’escalade à coincements en fissures (trad)*.
La première journée de voyage a été longue, surtout pour les conducteurs (chaleur, bouchons…) mais à la vue des immenses et magnifiques parois dolomitiques, tout ça est vite oublié. Après une rapide installation au camping de Canazeï, c’est l'étude minutieuse des topos avec un seul mot à la bouche: grimper.
Mardi nous décidons d’aller grimper à Piz Ciavazes ou on trouve principalement des grande voies en terrain d’aventure. Nous nous divisons en deux groupes pour deux voies différentes: Benoit, Nils, Baptiste, Annabelle partent dans “Big Michelluzzi” (6a, trad), une voie classique assez longue ayant de magnifiques longueurs en traversée. Nous partons juste derrière une cordée allemande (merci Annabelle de nous avoir évité d’utiliser Google traduction). Après quelques longueurs tranquilles, la cordée de Nils et Benoît se perd en suivant les Allemands mais arrive à revenir sur la bonne voie une longueur après, ce sera le seul incident sur cette voie (si on oublie le passage de corde tendue pour atteindre le relais “eh ben la corde était trop courte!” ;) ).
Nils, big Micheluzzi, Piz CiavazesBenoit, big Micheluzzi, piz Ciavazes
Fabien, Jules, Virgile, Siméon et Fernand partent dans “Schubert” une grande voie de 8 longueurs en 5c max où il faut bien enclencher le radar à pitons*. Le chemin de descente, où on se rejoint tous est aussi surprenant qu’impressionnant car il se déroule sur une vire qui traverse l’énorme face et permet de rejoindre le sentier principal en ne faisant que deux rappels. Pour finir cette journée, nous montons à un col pour prendre l’apéro (parce que faut pas déconner!) et y trouvons une structure métallique en forme de G présentant de nombreux passages de bloc, on avait visiblement pas encore assez grimpé!
Mercredi, après une seconde nuit à Canazeï nous faisons un peu de route pour nous rendre à Cinque Torri, une superbe tour comme sortie de nulle part, fendue en deux. Benoit, Nils, Jules, Virgile et Siméon partent dans “finlandia” (6b+, semi-équipé) qui est une des classiques remontant un dièdre orange pas évident en première longueur. La voie est assez homogène avec 5 longueurs (IV, 6a, 6b+, 6b, 6a). Les longueurs sont assez vertigineuses et se faufilent entre les parties les plus déversantes de la paroi sur du rocher assez compact.
Siméon, Finlandia 6b+, cinque torri
Fabien, Annabelle, Fernand et Baptiste partent dans “columbus” (7a, équipé) une voie directissime de 5 longueurs (6b, 6c, 7a, 6a, 5+) globalement déversante au milieu de la face orange de la tour. L’escalade y est variée et très belle: d’abord très technique, puis physique sur des trous, vive les bouteilles! Le gaz* aussi est très présent, ce qui met vraiment de l’ambiance.
Annabelle, Columbus 7a, cinque torri
On rejoint la cordée de Benoit sur la descente en 3 rappels tout aussi impressionnante dans la gorge qui fend la tour en deux. Le mauvais temps s’approchant on se replie sur un petit secteur de couennes* déversant tout proche où on se lance dans des projets bien durs, dans ou effleurant le 8ème degré jusqu'à ce que l’orage nous chasse définitivement. Encore un peu de route le soir (2-3X les sangliers) pour se rendre vers la falaise de Saas Dlacias ou on trouve un bon spot de bivouac.
Jeudi nous grimpons donc à Saas Dlacia, belle falaise aux coulées bleues: Baptiste, Jules, Virgile se mettent la mission dans “lama”une grande voie équipée de 5 longueurs comportant un 7b et deux 7a. Ces joyeux lurons n'iront pas dans les deux 7a de fin pour cause de chaleur mais seront passés dans le 7b avec quelques chutes, saucissonnages et même une remontée sur corde de la part de Virgile sous le regard attentif de Ben et Fabien restés en bas. En somme "lama" aura été une belle mission en sachant qu'un certain Morse s'engagea dans la voie avec un seul mousqueton et sa longe et que nos amis se trompèrent de départ. Fernand, Annabelle, Nils, et Siméon dans “Nido di Rondine”, 5 longueurs en 6c max (équipé) qui se déroulent sur de magnifiques coulées bleues. Les deux 6c sont les longueurs majeures de la voie et leur équipement plutôt sportif* permet de les grimper vraiment à fond. La petite équipe se rejoint ensuite en haut de la voie pour observer avec amusement l’autre cordée qui semble se faire traquenarder dans “lama”, à l’autre bout de la falaise. Puis nous attaquons les rappels un peu “exotiques” de la voie tous ensemble, tout le monde atteindra le sol en un seul morceau (et pas en un seul morse;) ).
Les deux guidos se seraient-ils fait la malle? Pas totalement quand même, on finit par les retrouver au site de couenne où on termine de s’exploser les bras avant de revenir au bivouac pour cette fois s’exploser le bide avec 2,5kg de pâtes!
Bivouac dolomitique
Vendredi on revient vers les parois ou l’on avait grimpé Mardi mais cette fois sur la 2ème tour de Sella pour faire des classiques avec mention “coeur qui vole” sur le topo (définition censurée pour parents inquiets) demandant beaucoup de recherche d’itinéraire. Après un peu de route sous les airs de Thomas Fersen nous arrivons au pied des voies, mais heureusement sans les vertèbres en salade ;).
Fabien, Annabelle, Jules, et Virgile partent dans la “Messner” (5+, trad). La première longueur est magnifique et se protège très bien sur coinceurs et finit par une belle traversée. La suite de la voie est assez engagée (concentration obligatoire!) Des petits pitons trainent par-ci par-là dans la voie. mais ceux-ci sont bien éloignés. Après 7 longueurs de plaisir et de peur mélangées nous atteignons le sommet de la tour! Ils étaient forts dans la tête ces anciens…
Benoit, Nils, Fernand et Siméon dans “Kasnapoff” une autre voie historique en 5+ ou l’engagement et une nouvelle fois bien présente ! Nous nous rejoignons ensuite tous pour la descente à pied et en 2 rappels. On arrive à mi-séjour et on décide d’entamer la route vers Cadarese et surtout de faire des courses car on avait un peu sous-estimé la capacité de notre estomac lors des premières courses. C’est donc parti pour 5h de route (soit 15X les sangliers), 2 bouteilles de red bull, 1 labyrinthe, 3 micro ruelles italiennes, 1 demi-tour et 1 chemin de tracteur pour arriver finalement à notre bivouac 5 étoiles sur un toit au dessus d’un cimetière. Cher minibus, respect et surtout cher Fabien, respect!
Samedi, après s'être fait réveiller par un coq insistant qu’on aurait bien passéà la casserole on commence par aller piquer une tête dans le lac et faire une fois de plus les courses (visiblement plus on grimpe, plus on mange) avant de finir la route jusqu'à Cadarese. C’est avec beaucoup d'enthousiasme que l’on découvre les différents secteurs où on commence tout de suite à expérimenter les différents types types de coincements (doigts, mains, poings, genoux, jambes, tête, corps…)*. Certains vivront leurs premières chutes sur friends* d’autres livreront de beaux combats et laisseront leur peau et leur âme dans des voies jusqu'à 6c. Le soir on installe un bivouac non loin des falaises.
Virgile, Bimbominkia 6c, CadareseFabien, la pédagogique 5c, Cadarese
Dimanche on retourne sur les falaises de Cadarese sur les secteurs du haut pour continuer notre apprentissage des coincements. La falaise est truffée de magnifiques fissures dont “crack à gogo” fissure mythique en 7a+ et “c'era una volta” 7b+ magnifique fissure à doigts, poings et corps et de très beaux passages techniques à souhaits. Après la fabrication de gants en strap nous pouvons grimper dans ces fissures en 6b+ (pour l'échauffement) qui en rebute plus d'un. Ce jour là Nils nous aura gratifié de ses plus belles photos et Annabelle nous aura agréablement surprise en caricaturant le groupe à la magnésie sur le très beau granite (sacrilège!).
Cette journée riche en apprentissage se clôturera par le festin de pâtes habituel depuis le début du séjour.
Jules, crack à gogo, 7a, Cadarese
Lundi nous décidons d'aller grimper à Yosesigo un site mythique de fissure en altitude histoire de changer de Cadarese, mais dont les 1h30 d’approche auraient pu en rebuter certains! Après cette jolie marche d'approche nous arrivons enfin au site tant convoité! Chacun s'échauffe dans sa voie et nous nous rendons vite compte que c'est dur! Nous essayons ensuite de magnifiques fissures en 6c “shaved thai” et 6c+ “super simpson”, 40m de toute beauté nous arrachent le sourire! Et la peau aussi ;) En bref ce fut une belle journée de fissures comme on les aime que les sangliers n'ont pas eu de mal àécarter!
Baptiste, Shaved Thai 6c, Yosseigo
Mardi, après un petit déjeuner et un pliage de tente un peu humide nous fuyons le mauvais temps en allant à Orrido di Foresto. Nous commençons par chercher le camping à peine plus vivant que l’espace bivouac du vendredi soir. Nous nous dirigeons ensuite vers une falaise assez sympathique et surtout abritée car la journée est assez pluvieuse. Après quelques croix nous allons manger une pizza accompagnée d’un petit vin italien (consommé avec modération bien sûr). Nous finissons ce délicieux repas avec trois boules de glace, repas qui nous a permis de revenir petit à petit à la civilisation (manger à une table avec des couverts, bien assis, sans bruits de cochon…) Après ce repas, l’humeur est aux défis: aller le plus loin possible dans une ruelle sans toucher le sol, faire une traversée sous les rebords des fenêtres voir même faire le tour du pâté de maisons en caleçon sous la pluie pour les plus motivés…
Mercredi nous entamons le matin la route en direction de Grenoble et nous nous arrêtons à Tralenta pour une session de blocs granitiques de quelques heures. Tous y trouveront leur compte, beaucoup se souviendront du 6c en fissure, heureusement on n’avait pas encore rangé les gants. Après un départ forcé on reprend la route, pour arriver vers 19h au local C.A.F (heure particulièrement raisonnable pour les sangliers).
Fernand, la fissure, 6c bloc, Tralenta
Merci au club, aux encadrants et à tous ceux qui nous permis de vivre ce beau voyage!
* : pour tous ces termes que les parents entendent tout le temps mais qu'ils ne comprennent pas toujours. On vous renvoie dès à présent au “dictionnaire impertinent de la montagne” de Cédric Sapin-Defour qui saura vous éclairer ;) .